Critique du texte de Laurence Hansen-Löve « Vladimir Poutine, le « fou de Moscou » » paru dans iphilo.

J’ai fait du billet de Laurence Hansen-Löve une critique acerbe. Je tiens à m’en expliquer.

Mon principal reproche, déjà formulé à propos de «Se faire vacciner ou non : un droit, un devoir, une responsabilité ? » est la décontextualisation de l’ écrit.

Commençons par le titre : « Vladimir Poutine, le « fou de Moscou » ». Ce titre ne comporte pas de point d’interrogation, il s’agit donc là d’une affirmation, Poutine est fou ! Le mot « Moscou » n’est pas anodin, il fait référence dans l’imaginaire occidental à l’URSS. Amalgame de folie et de pouvoir dictatorial, le cadre du billet est posé.

Puis l’introduction : « Il y a de nombreux débats en ce moment à propos de la «folie» de Vladimir Poutine, notamment sur la question de savoir s’il a toujours été « fou » ou s’il est devenu « fou » seulement depuis une semaine. Permettez moi de mettre mon grain de sel : tout dépend ce qu’on entend par « fou » ».

Là, comme il fallait s’y attendre, la folie de Poutine n’est pas remise en cause ; bien au contraire, il faut en convaincre le lecteur, d’ou la répétition du mot « fou », « folie », 4 fois en 3 lignes ; la folie de Poutine ferait l’objet de débats – notre auteure fonde ici son billet sur une rumeur, chose étrange pour un article de philosophie…

Pour ma part, je formule l’hypothèse qu’on traite de fou celui qu’on ne peut manipuler. Les USA et ses alliés n’ont pas le pouvoir d’agir sur Poutine et vont donc tenter de le déconsidérer en le traitant de fou. C’est la doxa des « forces du Bien », de la raison, de la démocratie(1), pour tout dire de l’Occident et de son bras armé l’OTAN, contre celle du mal, de la folie, de l’autocratie, bref du fou Poutine, Madame Hansen-Löve, on l’aura compris est du côté des « forces du bien ».

Aparté : je vous conseille si vous voulez comprendre les tenants et aboutissants de la guerre en Ukraine de visionner sur YouTube la vidéo de l’américain John Mearsheime intitulée « L’invasion de l’Ukraine(2) ». Il y fait une bonne analyse géostratégique du conflit entre l’occident et la Russie qui a conduit à la guerre en Ukraine. Pour une compréhension de l’enchaînement des événements au début de la guerre, voir l’interview de Jacques Baud sur YouTube « L’Occident instrumentalise l’Ukraine contre Poutine »(3). Pour appréhender « La géopolitique de l’énergie après l’Ukraine » écouter Benjamin Tremblay (4).

Notre auteure se fait ensuite psychanalyste et recherche parmi les deux types de folie qu’elle distingue celle dont serait atteint Poutine :

« Si être « fou », c’est être décalé, coupé du réel, incapable de toute compassion, de toute humanité, enfermé dans une bulle, si être « fou », c’est agir en rupture avec le sens commun, au mépris des règles de droit communément avalisées par les nations, paraître ignorer toute forme de « morale » (au sens usuel de ce terme), si c’est être plus ou moins « paranoïaque »… alors Vladimir Poutine est « fou ». »

La politique est-elle sujette aux jugements moraux communs comme l’écrit Madame Hansen-Löve ? Personnellement je ne le pense pas, la seule règle qui prévaut est la force ; la justice et les sociétés internationales créées le sont toujours par et au seul bénéfice du pays le plus fort, qui les ignore quand elles ne lui conviennent pas …

Cela correspond à l’observation de Carl Von Clausewitz , « La guerre n’est que le prolongement de la politique par d’autres moyens… Elle est un acte de violence dont l’objectif est de contraindre l’adversaire à exécuter notre volonté. […] Et il n’y a pas de limite à la manifestation de cette violence. »… Poutine n’utilise-t-il pas la guerre pour neutraliser l’Ukraine et protéger son pays des menaces de l’occident ?

Voyons la suite : « Si être fou, c’est être déséquilibré, imprévisible, impulsif, incohérent, erratique dans ses décisions… alors Vladimir Poutine n’est pas fou du tout ! Son attitude est en effet parfaitement cohérente et prévisible. Comme Hitler, il annonce et théorise ce qu’il va faire et il le fait. C’est le même homme qui élimine et empoisonne ses opposants, qui a rasé Grozny, puis Alep, puis annexé la Crimée et aujourd’hui qui bombarde Kiev. Donc il n’est pas devenu «fou» du jour au lendemain comme on l’entend parfois aujourd’hui. »

Passons sur l’outrance de l’assimilation de Poutine à Hitler. Madame Hansen-Löve semble ignorer qu’en Ukraine la révolution de Maïdan, soutenue par « les forces du bien », est à l’origine du coup d’état qui a remplacé un gouvernement démocratiquement élu par un gouvernement imposé ; sa compassion est sélective qui oublie que les régions du Donbass et du Donetz sont soumises depuis 8 ans à des bombardements par le régime de Kiev qui ont fait 14000 morts, et que ce sont les préparatifs d’une attaque de ces régions par l’armée ukrainienne (enviolation des accords de Minsk) qui ont déclenché l’intervention russe.

La conclusion du billet insiste sur la solitude d’un Poutine absolutiste… Poutine isolé, mis au ban de la société… Une propagande qui ne peut rencontrer qu’un public acquis ou désinformé.

« Le plus inquiétant est qu’il est à la fois «fou» (en un sens) et très méthodique, très obstiné, très rationnel. On ne peut pas savoir où il a l’intention de s’arrêter, ni s’il pourra s’arrêter en cas d’opposition inattendue ou d’incidents frontaliers avec les voisins de l’Otan… Actuellement, il semble rencontrer une résistance à laquelle il ne s’attendait pas. Il semble très seul au pouvoir depuis deux ans. «Le pouvoir corrompt inévitablement le libre usage de la raison», disait Kant. C’est surtout vrai du pouvoir absolu d’un homme isolé et non encadré ni freiné par des contre-pouvoirs. »

Poutine isolé et sans contre pouvoir au Kremlin ? Une chose est certaine, c’est qu’il a l’appui de la Douma et de son peuple. Par ailleurs il est très bien entouré et conseillé : entre 2014 et 2022, la Russie a accumulé un stock d’or, un véritable trésor de guerre qui lui permettra de résister pendant au moins deux ans aux sanctions occidentales. Les européens dans leur hubris inconsciente avaient confié à Gazprom la gestion de leur stock de gaz, qui s’est bien évidemment révélé au plus bas au début de la guerre… Ils ne pourront tenir plus de 2 mois en cas de coupure du gaz russe…

Au plan international, si la guerre a été condamnée par une large majorité de pays, peu se sont associés aux sanctions économiques décrétées par les américains et leurs vassaux européens…

Par ailleurs ces sanctions sont difficiles à mettre en œuvre du fait de la dépendance à l’énergie russe. Mais la politique continue… Pendant que la guerre se déroule, le gazoduc qui traverse l’Ukraine est toujours fonctionnel ; les ukrainiens perçoivent des royalties de la Russie et celle-ci encaisse l’argent versé par les pays européens pour le gaz livré…

Ces sanctions sont contre-productives pour les européens et font à court terme le jeu des USA :

– s’ils veulent diversifier leurs sources d’approvisionnement en énergie fossile, les européens devront payer les importations de gaz (gaz liquéfié américain entre autres) à un prix nettement plus élevé que le gaz russe, ce qui se répercutera sur le prix des produits fabriqués et la compétitivité des entreprises ;

– les entreprises implantées en Russie sont appelées à cesser leur activité.

De plus, ces sanctions se retournent contre les occidentaux en détruisant le système monétaire qui jusque là les favorisait : le gel des avoirs russes libellés en dollars et euros (un véritable vol) a entraîné une contre rétorsion de Poutine qui exige maintenant le règlement du gaz et du pétrole en roubles. Cela est à la fois un moyen de soutenir sa monnaie (qui a retrouvé sa valeur d’avant l’invasion) et une remise en cause du système monétaire international basé sur le dollar et l’euro. Remise en cause qui a le soutien des pays qui ne veulent plus être exposés aux sanctions extra-territoriales liées au dollar. L’Inde, la Chine et d’autres pays ont décidé de régler leurs échanges dans leur monnaie…

La victime de la guerre en Ukraine, à part le peuple ukrainien, sera la classe moyenne européenne qui devra payer la facture des sanctions ; les USA de leur côté risquent de perdre leur prépondérance au profit de la Chine.

Alors qu’au début des années 2000 Poutine envisageait une alliance avec les européens, ceux-ci l’ont rejeté sous la férule américaine – diviser pour régner – et probablement dans l’espoir de faire main basse sur les matières premières de la Russie… Cela a échoué !

Au lieu d’en tenir compte, les occidentaux ont poursuivi leur tentative de déstabilisation… Cela a conduit Poutine à resserrer ses liens avec les membres des BRICS (Le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du sud) et les pays fondateurs du E7(5), l’équivalent du G8 devenu G7 après l’exclusion de la Russie…

N’est-il pas stupide de la part des européens d’exclure la Russie et de renforcer ses concurrents américains et chinois ? L’Europe veut se libérer de sa dépendance énergétique à la Russie, cela va prendre plusieurs années ; pendant ce temps, la Russie va accroître ses fournitures d’énergie à la Chine, – des accords viennent d’être signés pour la construction d’un second gazoduc –, et continuer à fournir l’Inde en pétrole…

On a les dirigeants qu’on mérite !

Alors Poutine,… « fou » ? Je vous laisse juger !

Bibliographie :

1 – À ce propos, lire sur iphilo « Bobard démocratique » de Stéphane Braconnier.

2 – Lire sur YouTube « L’invasion de l’Ukraine » de John Mearsheime.

3 – Écouter Jacques Baud sur YouTube « L’Occident instrumentalise l’Ukraine contre Poutine ».

4 – Écouter sur YouTube Benjamin Tremblay : « La géopolitique de l’énergie après l’Ukraine ».

5 – Consulter les BRICS sur Wikipedia.

Critique de l’article de Laurence Hansen-Löve, intitulé « Se faire vacciner ou non : un droit, un devoir, une responsabilité ? »

https://iphilo.fr/2022/01/09/se-faire-vacciner-ou-non-un-droit-un-devoir-une-responsabilite-laurence-hansen-love/

Responsabilité ? Invoquer ici la responsabilité de tout un chacun semble pour le moins décalé par rapport à la réalité, quand bien même la réthorique utilisée fait appel aux mânes de Kant, Jankélévitch et Sartre (le pauvre), pour apporter son soutien à la doxa gouvernementale, »le vaccin sauve l’hôpital » :

  • quand on sait que le délabrement du système hospitalier est dû aux responsables politiques en place,
  • quand on sait que les laboratoires pharmaceutiques qui fabriquent les vaccins se sont déchargés de toutes responsabitilés quant aux effets secondaires possibles des vaccins, 
  • quand on sait que les sommes en jeu sont considérables et que les contrats d’achat sont secrets,
  • quand on sait que les sociétés pharmaceutiques poussent à la vaccination de l’ensemble de la population alors que la mesure du bénéfice / risque chez les personnes de moins de 60 ans penche vers une non-vaccination,
  • quand on sait que les effets secondaires du vaccin déjà observés sont loin d’être anodins (https://www.notre-planete.info/actualites/4849-vaccins-COVID-19-risques-morts), 
  • quand on ignore les effets secondaires des vaccins à ARN messager sur le long terme, (des publications récentes montrent que la copie de l’ARNm du covid19 en ADN et son intégration dans le génome humain est une réalité ; l’on n’est pas actuellement en mesure d’évaluer l’impact de cette intégration – un cancer met entre 5 et 10 ans avant de se déclarer). 
  • quand on sait que le vaccin est inefficace contre les souches mutantes du Covid 19, et que les personnes vaccinées malades ou porteuses saines deviennent contaminantes, ( – ce qui démontre la complète  inutilité du Pass vaccinal), 
  • quand on sait qu’on « emmerde » les non vaccinés avec ce Pass inefficace mais que l’on n’a pas le courage de rendre la vaccination obligatoire.

Confrontée à cette réalité, votre notion de responsabilité a-t-elle encore un sens ?

Je précise que j’ai reçu les saintes onctions à plusieurs reprises, que je suis partisan des vaccins quand le rapport bénéfice / risque est en faveur de l’individu (l’élaboration d’un vaccin nécessite 5 à 10 ans)… et que j’ai travaillé à la mise au point de vecteurs vaccinaux.

Mourir à 20 ans…

J’ai retrouvé, en rangeant des papiers de famille, une série de lettres, écrites entre 1936 et 1940, qui retracent le destin d’un jeune homme pauvre d’une famille de militaires…

Rennes le mardi 21 avril 1936

Mes chers cousins et cousines,

Ma chère Georgette,

Votre lettre vient juste de nous arriver, et comme je l’ai promis à ma chère cousine, je ne me ferai pas attendre, pour venir répondre à votre longue missive, qui nous a fait à tous un réel plaisir. Loin d’imiter mon père, je me fais une joie de venir bavarder un peu avec vous, et de faire revivre ces deux journées si agréables, que nous avons passées ensemble.

Comme toi et tes sœurs, ma chère Georgette, j’ai repris mes classes hier matin. Après 15 jours de repos c’était difficile de se lever à 6 heures, mais enfin, comme c’est pour notre avenir ! … Voilà mes deux premiers jours passés, et je m’habitue aussi bien aux coutumes bretonne qu’aux coutumes messines ! Je pensais à toi hier, voilà un petit trimestre plutôt difficile, enfin je te souhaite bon courage et surtout complète réussite dans tes examens. J’espère que cependant ton travail ne t’empêchera de trouver quelques moments de loisirs, que tu consacreras à écrire à ton cousin, comme tu le lui as promis. Et tu peux juger que lui tient ses promesses !…

J´espère que Renée est plus sage en classe, et qu’elle ne revient plus à la maison avec des mains de négriottes, mais avec sa règle, son porte plume et son crayon ! Apprends qu’il n’y a pas de petits chats à la maison et qu’il est donc inutile de souhaiter le bonjour à « Pépé » !…

Le temps n’a pas changé depuis votre départ, si ce n’est que le froid a augmenté. Depuis 2 jours il tombe sans arrêt une petite pluie fine, mais glaciale ; ah mon dieu quel pays ! On finira par s’y noyer!… Ce n’est pas en effet le temps rêvé pour les excursions et pique-niques à Cesson ! Mais enfin s’il le faut on ira avec des parapluies ! Car j’espère comme vous nous l’avez laissé espérer, nous comptons sur vous pour les fêtes de la Pentecôte. Grand-mère, tout en te remerciant, ma chère cousine pour le patron, me prie de vous renouveler l’invitation. Quant à moi je serais ravi de vous revoir.

Je vais vous quitter mes chers cousins et cousines, mais je ne voudrais cependant pas terminer cette lettre sans venir t’offrir, ma chère Georgette, tous mes bons et sincères vœux de fête ; formule banale, mais vraiment sincère quand elle vient d’un ami et même d’un cousin !… Mais que puis-je t’offrir comme vœux, si ce n’est que le désir de ta complète réussite, dans tes études, tes examens et même au bal !…? Donc je t’envoie mille baisers, et au nom de toute la famille je te souhaite une bonne et heureuse fête.

Je vous quitte, mes chers cousins et cousines, en espérant que ce petit mot vous aura fait plaisir, et en attendant une longue lettre de vous, je laisse à tante Suzy le soin de terminer la mienne.

En attendant la Pentecôte, recevez chers cousins et cousines, les affectueux baisers de toute la famille. Un gros baiser à Renée et à Yvette, quant à Georgette je lui demande d’écrire un peu plus que 4 mots dans les missives à venir !…

J’embrasse bien fort « Zou » pour sa fête.

Votre cousin

Jacques

Rennes le 24/3/38

Ma chère « Zou » (dite Georgette !..)

« J’espère que maintenant que tu t’es souvenu que j’existe tu vas continuer à m’écrire, réponds moi vite, j’attends ta réponse. » Ce sont tes propres termes ma chère « Zou ». Comme depuis quelque temps les femmes ne doivent plus obéissance aux hommes, mais que les hommes doivent obéissance aux femmes, (Oh! Bonne mère! C’est la fin des z-haricots, c’est surtout le martyre des hommes !..) j’obéis et, j’espère que cette fois ma réponse ne se sera pas trop fait attendre ! Donc ne « Zou peste » plus!…

Tout d’abord permets moi de te dire qu’Henri « s’est foutu le doigt dans l’œil » en te racontant que je ne m’engageais plus (il a dû faire quelques entorses à la vérité comme tu le dis !) Je passe mon bacc le 14 et 15 juin prochains, résultat : une « veste » toute neuve. Conséquences : je quitterai Rennes au plus tard le 30 juin. Je me repose à Metz pendant un mois et en avant pour le service militaire vers la fin août. Donc je m’engage toujours, rien n’est changé ! Et voilà justement pourquoi je ne pourrai assister au mariage ! S’il avait eu lieu fin juin tout aurait marché et je me serais fait un grand plaisir d’y assister, ne serait-ce que pour te revoir, toi et tes chers parents ma chère « Zou », mais le deuil qui vient de vous frapper, et la future mariée qui se casse la cheville (a-t-on idée à son âge !…) reculant la date du mariage jusqu’au milieu de juillet, ce sera trop tard pour moi, je serai déjà à Metz depuis une quinzaine de jours, donc impossible de me trouver en ta charmante compagnie ! Quel malheur ! On s’en serait payé … Si jamais le mariage était avancé, n’oublie pas de me l’écrire car au fond tu es aussi  » flemmarde » que moi pour écrire.

Autre chose : tu voudrais me passer un savon, et bien moi aussi, je veux t’en passer un (il est vrai que s’il te fait autant d’effet que le tien ce sera plutôt platonique !) tu te fiches tout à fait de ma tête

1°/ Je ne sais pas danser (je crois qu’Henri a l’imagination très vive !)

2°/ Qu’est-ce que ces insinuations vaseuses sur la fiancée d’Henri ? Je suis un « jeune gens » vertueux, sage et raisonnable moi !

3°/ Peut-être as tu peur que je ne sois pas à ta hauteur ? Quel est le poète qui t’a inspiré cette phrase banale ? Ne sommes-nous pas des »Robert »

Tu en fais une affaire parce que tu es enfermée, en voilà une histoire ! Qu’est-ce que ce sera quand vous serez obligées de faire le service militaire à notre place (dame, vous avez les mêmes devoirs que nous depuis que vous êtes devenues nos égales !…

(Qu’est-ce qu’on va devenir avec de pareilles lois)

Mes félicitations à l’excellente amazone que tu fais ! Bons baisers à tes chères petites sœurs ainsi qu’à tes parents et reçois-en un particulier (une grosse bise comme on dirait en Bretagne !) de ton vieux cousin et copain.

Jacques (dit Pépé).

Metz, ce mardi 6 août 1938

3 heures

Ma chère petite « Zoute »

Merci, merci beaucoup, ma chère petite Georgette de ta gentille carte et surtout de « tes bons baisers au jeune soldat !  » (Ce qui est bien meilleur que les cartes !…).

J’ai été très touché ma chère Geo, de voir que tu avais pensé à ton « Pépé » en arrivant dans ta nouvelle résidence !..

Avant tout, j’espère que sous peu, nous allons vous voir tous à Metz… Seulement nous ne comptons pas sur vous dimanche prochain, car sûrement vous vous rendrez, sinon tous, du moins mon cousin, au mariage à Trobert (nous avons reçu une lettre d’invitation il y a environ 8 jours… mais nous pouvons nous y rendre, à cause des trop gros frais de voyage que ça nous occasionnerait… quant à Papa et son quart de place… il ne peut avoir de congé à cette époque, papa bien entendu, pas le1/4 de place).

Donc, pas pour dimanche… Le dimanche suivant sera la veille du 16 août… Je dois partir 2 jours avec papa ; Maman et Jacqueline resteront à Metz, et vous aurez peut-être la chance de les voir le lundi, jour du quinze août (sans aucun dérangement bien entendu elles arriveront le matin et repartiront le soir, mais pas seules, car je suis sûr ma chère Georgette, que tu ne déclineras pas l’offre, que je te fais, de venir passer quelques jours à Metz… Crois bien que nous nous ennuierons pas ! Pique-niques, bains, ballades, etc. Et puis nous en aurons tant de choses à nous raconter ! Donc bien entendu prépare ton « sac » pour Metz. Quant à tes chers parents, j’espère qu’il ne se feront pas attendre… Quand le capitaine viendra-t-il recevoir les hommages de son cousin de lieutenant ?…

Comment as-tu trouvé la métropole de la Lorraine, ma chère Georgette ? Êtes-vous satisfaites de votre appartement ? …

Sais-tu que je m’engage au 510ème régiment de chars d’assaut à Nancy en octobre ?… Mais c’est une autre affaire dont nous reparlerons de vive voix dans 15 jours… c’est entendu ?…

J’attends un petit mot de toi…

Mes plus affectueux baisers à Yvette et Renée ainsi qu’à tes chers parents et reçois pour toi, ma chère Geo, l’assurance de ma plus sincère amitié.

Cordialement, ton cousin

Jackie

Aux Armées. Jeudi 28/12/39

21 heures

Ma bien chère Geo,

Je suis un immoral, un paresseux, un négligent, un fainéant, laisse moi quand même venir t’embrasser ma chère petite Geo et t’offrir tous mes bons vœux pour la nouvelle année.

Que 1940 voie le succès et la fin de tes études. Qu’il t’accorde santé, richesse et joie, en un mot tout ce qui peut te faire plaisir, tout ce que tu désires. Je te charge de présenter mes bons vœux à ta chère maman ainsi qu’à tes petites sœurs que j’embrasse bien fort…

En te promettant d’être désormais moins nègligent pour écrire. Je te quitte ma petite Geo en te renouvelant tous mes bons vœux et en te priant de croire en ma sincère amitiè.

Jacques

PS : Ne connaissant pas votre adresse, je fais remettre ce mot par papa

Mille grosses bises à Yvette et Renée

Rennes le 26 septembre 1940

Bien chère Madame,

Ma main tremble en écrivant, mes yeux sont remplis de larmes ! Quelle catastrophe, quelle double catastrophe !!

Lundi matin, le courrier nous apportait l’annonce de la mort de notre grand chéri, de notre Jacques tant aimé – tué le 16 mai, en montant à l’assaut, tué dans son char et enterré à Guiveau dans l’Oise.

Ce matin, c’est une lettre officielle venant d’Autriche, écrite en allemand qui nous apprend celle du pauvre Jean, mort le 9 août à 6 h 1/2 du matin dans un hôpital de Vienne – à la suite de dysenterie. Mais nous sommes convaincus que la mort de son grand fils, (dont la nouvelle a dû lui parvenir là-bas), toutes les souffrances physiques et morales qu’il a endurées l’ont terrassé plus encore que la maladie.

Il est enterré dans un cimetière de Vienne, pauvre cher grand – pauvre cher petit !!

Comme ils ont dû souffrir l’un et l’autre ! C’est atroce ! C’est atroce !

Peut-on concevoir de pareils malheurs !

Gabrielle et Jacqueline font peine à voir, et toute la famille est plongée dans la plus grande désolation.

Plaignez-nous et pleurons ensemble les disparus qui ne seront pas les oubliés.

Un service funèbre aura lieu, pour le repos de l’âme du père et du fils le jeudi 3 octobre à 10 heures en l’église cathédrale de Rennes.

Nous n’aurons jamais assez de larmes pour les pleurer

Quel malheur ! mon Dieu !

Si vous le pouvez, prévenez Clément, nous n’avons pas son adresse.

Dans notre désespoir, nous vous embrassons.

Jean est inhumé au cimetière central de Vienne

Jacques Georges Raymond ROBERT

Né(e) le/en 10-04-1920 à Pontoise (78 – Yvelines (ex Seine-et-Oise), France)

Mort pour la France le 18-05-1940 (Berlancourt)

20 ans, 1 mois et 8 jours

Carrière

Statut

militaire

Unité

15 e Btn de chars de combat

Mention

Mort pour la France

Cause du décès

tué au combat

Sources

Service historique de la Défense, Caen

Cote

AC 21 P 142061

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/510e_régiment_de_chars_de_combat

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/15e_bataillon_de_chars_de_combat

https://www.chars-francais.net/2015/index.php/14-classement-individuel/char-b/406-210-tonkin

TONKIN n° 210 15e BCC 1ère compagnie

Constructeur : RENAULT

Livré au 510e RCC à Nancy en 1937

Versé au 15e BCC 1ère compagnie en septembre 1939

Dans la nuit du 17 au 18 mai 1940, le char se renverse et prend feu au cours d’un trajet près de Berlancourt.

Le radio est tué sur le coup, le pilote, coincé à son poste meurt brûlé vif.

Equipage :

Chef de char : Sous-Lieutenant Yardin

Pilote : Sergent-chef Sauvant

Aide-pilote : Caporal Lemoine

Radio : Caporal-chef Robert

Les images du char « TONKIN » détruit peuvent être agrandies en tapant sur l’image.

Photographie du char TONKIN détruit.

Jean Baptiste Fernand Julien Marie ROBERT

Né(e) le/en 26-03-1894 à Rennes (35 – Ille-et-Vilaine, France)

Mort pour la France le 09-08-1940 (Vienne IV, Autriche)

46 ans, 4 mois et 14 jours

Carrière

Statut

militaire

Unité

21 e Rgt Tank

Mention

Mort pour la France

Cause du décès

maladie

Sources

Service historique de la Défense, Caen

Cote

AC 21 P 144677

Simondon, indétermination, concrétisation, évolution.

La biologie est très souvent absente des commentaires sur Simondon, et quand ils existent, c’est pour dénigrer les lacunes de l’auteur en biologie moléculaire, ou pour mentionner qu’il n’aurait lu qu’Étienne Rabaud.

Effectivement, Simondon a lu ce biologiste, et il faut avoir cela en tête quand on fait une analyse de MEOT2. Étienne Rabaud est l’auteur d’un essai intitulé « L’adaptation et l’évolution », ouvrage critique des théories de Lamarck et de Darwin. L’adaptation est un ajustement de l’être vivant à l’environnement ; l’évolution sa capacité à se transformer.

Dans le Lamarckisme, l’environnement détermine la forme ; dans le Darwinisme, l’environnement sélectionne la forme. Dans le premier cas il y a une causalité (l’environnement est la cause), dans le second une téléologie (la forme est créée pour un environnement). Dans les deux cas l’environnement détermine la forme. Ces deux vues appartiennent au schéma hylémorphique d’Aristote, l’environnement est la forme imposée.

Comment alors expliquer l’évolution?

L’évolution ne se définit pas par l’adaptation, mais par l’adaptabilité (ou encore l’évolvabilité, evolvability en anglais), c’est-à-dire une capacité à s’adapter à des environnements différents, à de nouvelles conditions. Si les conditions environnementales changent brutalement, l’adaptation, phénomène lent, ne peut prendre place, la forme est supprimée. L’adaptabilité nécessite donc des capacités à faire face à des situations inédites. Si l’adaptation est déterminée, l’adaptabilité est indéterminée.

Bergson a doté la matière d’une volonté, d’une détermination à vivre, l’élan vital, le vitalisme.

Pour Simondon, pas plus l’élan vital de Bergson, « notion excellente pour montrer ce qui manque à la notion d’adaptation, mais qui ne s’accorde pas avec elle », que l’adaptation de Darwin, établissement d’un équilibre, ne peuvent expliquer l’évolution.

Pour l’expliquer, il crée le concept d’individuation, concept qui remet en question les notions aristotéliciennes de causalité et de finalité. L’évolution n’est ni la volonté de la matière à évoluer, ni le résultat d’une forme imposée de l’extérieur, ni l’équilibre entre modification interne et crible externe, mais est le devenir d’un système métastable soumis à des contraintes.

L’évolution est le résultat d’interactions entre une matière affectée par des mutations et des rencontres aléatoires, et un environnement en perpétuel changement, changement auquel la matiére participe, (par ex.: l’oxygénation de l’atmosphère par les cyanobactéries il y a 3,1 milliards d’années).

Globalement, l’évolution n’est pas déterminée. Globalement parce que ce sont les propriétés des particules élémentaires qui déterminent la formation des atomes, leur confèrent leurs propriétés ; propriétés qui à leur tour dirigent la formation des molécules, etc.. Mais ces propriétés ne s’expriment que dans des conditions données ; les rencontres entre molécules, macromolécules, etc. sont aléatoires, et le nombre de possibilités d’interactions devient vite infini. Cette non finitude crée une indétermination.

Certaines combinaisons font cependant apparaître des systèmes qui se reproduisent. Qui dit reproduction dit information, mécanisme et détermination. Un pur mécanisme est voué à disparaître ; pour que la reproduction puisse perdurer, il est nécessaire d’y associer une part d’indétermination.

L’adaptabilité est le fruit de cette indétermination. Ainsi, chez les bactéries existent des gènes mutateurs qui produisent des mutations aléatoires, ces mutations générées de façon constante créent la possibilité d’adaptation à un environnement inconnu.

L’évolution a donc sélectionné un mécanisme déterministe pour générer une indétermination, et c’est cette indétermination qui engendre statistiquement l’adaptation.

Les êtres vivants sont pour Simondon les machines concrètes les plus évoluées. Il est possible de penser que la notion d’indétermination qu’il relie à la concrétisation des objets techniques tire son origine de l’observation des êtres biologiques.

1 – Cette note est à l’origine un commentaire de l’article de Yuk Hui : Qu’est-ce que la « marge d’indétermination »paru dans Implications philosophiques du 24 novembre 2016.

2 – Étienne Rabaud, L’adaptation et l’évolution, Étienne Chiron, Paris 1922.

https://ia600505.us.archive.org/28/items/EtienneRabaudLadaptationEtLvolution1922/Rabaud_AE.pdf

3 – Gilbert Simondon, Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958 (MEOT).

L’information

 

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Greg Montani Bouclier route Namibie panneau d’information https://pixabay.com/photo-864746/

L’information est un concept polysémique. D’où vient-il? Quelles sont ses multiples acceptions? C’est ce que tente de définir cet article.

L’information.pdf

 

La vie est relations ou les concepts de Simondon confrontés à la Biologie Moléculaire de l’ADN

DNA is not just a code, it is also a set of potentials, which can unfold in various directions, and which do not attain form except in the actual process of unfolding.

« The Pinocchio theory »

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Objets techniques de nature biologique, l’ATPase qui produit de l’ATP, le moteur flagellaire qui fait tourner le flagelle, détail de ce moteur à proton et objet technique produit de l’industrie (un artéfact), un moteur électrique. L’identité, mise à part l’échelle, est frappante.

Machines biologiques et artéfacts sont de même nature, même si leurs modes d’élaboration et la nature de leur constituants diffèrent. Ils présentent une même  forme d’individuation. Il n’est plus possible de dire comme Jacques Monod en 1970 :  « La distinction entre objets artificiels et objets naturels paraît à chacun de nous immédiate et sans ambiguïté. Rocher, montagne, fleuve ou nuage sont des objets naturels; un couteau, un mouchoir, une automobile, sont des objets artificiels, des artefacts. » J. Monod, Le Hasard et la nécessité, Paris, éd. du Seuil, 1970 p. 11.

Étudier l’ADN, sa structure, son évolution chez les procaryotes, à l’aide de notions et de concepts déduits de l’étude « du mode d’individuation des objets techniques » de Gilbert Simondon, permet de montrer que l’évolution et l’intégration des éléments bactériens peuvent s’appréhender de façon identique à celles des objets techniques, et que la spécificité du vivant est attribuable à la capacité de l’ADN à faire système avec les constituants cellulaires dans des environnements changeants.

La vie est relations ou les concepts de Simondon confrontés à la Biologie Moléculaire de l’ADN.pdf

 

 

Histones : Peptides antimicrobiens

Cet article fait le point sur l’activité antimicrobienne des histones chez différentes espèces.

Histones : Peptides Antimicrobien.pdf

 

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Végétation du Loc’h Louriec

 

3 – Topologie de l’ADN et topoisomérases, ces enzymes chez Chlamydomonas reinhardtii

Cet article (partie III) fait le point sur la topologie de l’ADN et sur les topoisomérases qui sont  responsables de cette topologie, et sur leur existence chez Chlamydomonas reinhardtii.

Partie_III.pdf

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Bords du Loc’h ar Guer

2 – Endosymbiose et réplication de l’ADN chloroplastique

 

Cet article (Partie II) fait le point en 2015 sur l’endosymbiose, sur le résultats du séquençage des trois ADN, nucléaire, chloroplastique et mitochondriale et leurs interprétations et sur l’élucidation des facteurs qui dirigent la réplication du chromoïde chloroplastique.

Partie_II

 

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Photographie prise entre la Pointe de Rospico et Port Manec’h